journal dessineFrontière

 

 

Frontière, oeuvre monumentale... a une symbolique plurielle
De quelle frontière nous parle-t-elle ? Quelle est cette multitude ? Les êtres que l’on y voit tentent-ils de sortir, ou d’entrer ?
Sensible à l’autre, sensible aux autres, aux ailleurs, à l’écoute de l’effet produit à l’intérieur par ce qu’il se passe à l’extérieur, l’artiste aujourd’hui a plus que jamais besoin de s’exprimer.
Et face à l’ampleur de ce qui bouleverse le monde, l’oeuvre aussi devient ample.
Signe que l’homme crée, parfois au nom du créateur, des problèmes qui le dépassent. Ainsi l’ oeuvre est plus grande que celui qui l’observe. La multitude est plus importante que l’individu. Plus importante ? A voir... Elle se compose d’êtres
incomplets, informes, qui ne sont pas reconnus dans leur totalité, personnalités noyées dans la masse, une masse agglutinée que l’on voudrait contenir par-delà la frontière...
mais quelle frontière ? Frontière géographique ? Frontière politique ? Frontière religieuse ? Frontière raciale ? Frontière sociale ? Quel sens cela peut-il bien avoir ? Regardez, de l’autre côté de la frontière, qu’y a-t-il ? Des visages qui nous font face, des regards qui nous interrogent, des êtres qui nous interpellent, des yeux qui nous regardent...
Pouvons-nous les ignorer, leur tourner le dos, et repartir, oublieux de ce qui vit, de ce qui souffre, de ce qui nous appelle par-delà la frontière ? Impossible ! Il faudrait pour cela mettre une frontière dans notre âme humaine, mais l’âme humaine est Une, indivisible, commune à l’humanité entière. Et la conscience de cela élève cette âme partagée par la multitude, comme la multitude de l’oeuvre de Nadine Vergues semble s’élever finalement vers le ciel, échappant par le haut, telle une bulle légère, à la lourdeur du destin.
Laetitia CRAHAY